L'évolution du colorisme
La couleur de la peau était une marque de genre avant de devenir une marque d'ethnicité
Dans les arts visuels de tous les peuples, la femme est représentée par une carnation moins foncée que celle de l’homme. Voici le chef de bureau du roi et sa femme, Égypte, vers 1400 avant notre ère (Le Louvre, Wikicommons)
La femme affiche un teint clair par rapport au rouge-brun de l’homme. Inconsciemment, on se sert de cet indice pour reconnaître le sexe d’un visage, ce qui explique la forte tendance, sur le plan psychologique, à associer la blancheur à la femme et la noirceur à l’homme.
Commençons par le visage humain. L’être humain apprend à reconnaitre les visages de son entourage, mais cet apprentissage passe tout de même par un mécanisme inné. Si, à la suite d’une lésion cérébrale, ce mécanisme cesse de fonctionner, il en résulte le syndrome de prosopagnosie : le patient semble comme tout le monde, mais il n’a plus la capacité de reconnaître un visage mieux que tout autre objet (Farah, 1996 ; Little et al., 2005 ; Pascalis et Kelly, 2008; Russell, Duchaine et Nakayama, 2009 ; Zhu et al., 2009).
Cette capacité est donc innée, et pour une bonne raison. Si on voit assez souvent un objet qui compte pour la survie et la reproduction, c’est mieux de le reconnaître automatiquement, plutôt que de subir les risques et la perte de temps occasionnés par l’apprentissage. Donc, la sélection naturelle tend à « pré-câbler » la reconnaissance de certains objets familiers, comme le visage humain sous ses aspects masculin et féminin.
Inconsciemment, on reconnait le sexe d’un visage à sa teinte et à sa luminosité. La teinte est rouge-brun chez l’homme et claire chez la femme, ce qui permet une reconnaissance par le « canal rapide. » Si le visage est trop loin ou l’éclairage trop faible, on se sert du « canal lent » : on examine le contraste lumineux entre la peau et les régions des lèvres et des yeux. Peu de contraste, c’est un homme ; beaucoup, une femme (Dupuis-Roy et al., 2009 ; Tarr et al., 2001 ; Tarr, Rossion et Doerschner, 2002).
La reconnaissance du sexe sollicite la teinte et la luminosité du visage beaucoup plus que sa forme (Bruce et Langton, 1994 ; Hill, Bruce et Akamatsu, 1995 ; Russell et Sinha, 2007 ; Russell et al., 2006 ; Tarr et al., 2001 ; Tarr, Rossion et Doerschner, 2002). On peut ainsi déterminer si c’est un homme ou une femme même en regardant une image floue sans aucun autre indice (Tarr et al., 2001).
Cet indice a été suffisamment important pour orienter l’évolution des soins de beauté féminine : partout au monde, il y a eu une convergence vers le même but d’éclaircir le visage de femme et d’en accentuer le contraste avec les lèvres et les yeux. Le procédé contraire est presque inconnu (Russell, 2003; Russell, 2009; Russell, 2010).
Ainsi, sur le plan psychologique, il existe une forte tendance à associer la blancheur à la femme et la noirceur à l’homme. Citons les résultats d’une série de tâches confiées à des participants néerlandais, portugais et turcs :
reconnaître le sexe des noms personnels - on le reconnaît plus vite si les noms féminins sont présentés en blanc et les noms masculins en noir ;
reconnaître le sexe des bulles blanches ou noires - dans la vaste majorité des cas, on reconnaît les premières comme féminines et les dernières comme masculines ;
suivre des yeux un objet de couleur claire ou foncée (oculométrie) - on le suit plus longuement et le fixe plus fréquemment s’il est soit de couleur foncée et associé à un personnage masculin, soit de couleur claire et associé à un personnage féminin (Semin et al., 2018).
On reconnaît le visage à gauche comme une femme et celui à droite comme un homme ; pourtant, la seule différence est celle de la luminosité. Richard Russell, Sinha Laboratory for Vision Research, MIT.
La couleur de la peau comme marque de sexe
Origines chez l’individu
C’est la présence moindre de mélanine et d’hémoglobine qui donne à la femme un teint clair par rapport au rouge-brun de l’homme (Edwards et Duntley, 1939). Les deux sexes acquièrent leurs teints respectifs après la puberté, sous l’action directe et indirecte des hormones (Edwards et Duntley, 1949 ; Edwards et al., 1941 ; Kalla, 1973 ; Kalla et Tiwari, 1970 ; Manning, Bundred et Mather, 2004 ; Mesa, 1983 ; Omoto, 1965). Cette action hormonale, ou plutôt son absence, donne à l’homme castré une apparence particulière : dans son édition de 1851, le Bescherelle souligne « la pâleur de ses chairs » comme « trait distinctif de l’eunuque » (Zucker, 2005, p. 63, voir aussi Edwards et al., 1941).
La blancheur féminine varie selon la partie du corps, étant plus prononcée là où la graisse s’accumule sous la peau, comme aux seins, aux fesses et aux hanches. En effet, il semble exister un lien développemental, lors de la puberté, entre l’épaississement de la graisse sous-cutanée chez la femme et l’éclaircissement de sa peau, peut-être en raison de la production d’œstrogènes dans ses tissus adipeux (Frost, 2010, pp. 118-119 ; Mazess, 1967).
La blancheur féminine se distingue moins aux deux extrêmes pigmentaires de l’espèce humaine, soit chez les peuples à la peau très pâle, où la femme et l’homme sont tous les deux proches de la dépigmentation maximale, soit chez les peuples à la peau très foncée, où la pâleur relative de la femme est limitée par le rayonnement solaire intense, plus précisément par la sélection naturelle due aux coups de soleil et aux mélanomes. C’est donc une pigmentation moyenne qui permet au teint féminin de s’écarter le plus du teint masculin (Frost, 2007; Madrigal et Kelly, 2006). Ainsi, c’est chez ces peuples de couleur moyenne, depuis la Méditerranée jusqu’en Asie du Sud et de l’Est, en passsant par le Moyen-Orient, que s’est développé un véritable culte de la blancheur féminine, autant dans l’évolution des soins de beauté que dans la production littéraire et artistique (Frost, 2010, pp. 120-125, 156-157).
Enfin, il y a la pigmentation facultative : les femmes bronzent moins que les hommes, même lorsque les deux subissent la même exposition solaire (Harvey, 1985 ; Walsh, 1964). Puisque la capacité de bronzage est moindre chez les peuples à la peau très pâle ou très foncée, ce facteur aussi éloigne davantage le teint féminin du teint masculin chez les peuples de couleur moyenne.
Statue d’une déesse, Babylone, IIIe siècle avant notre ère (Le Louvre)
Origines chez l’espèce humaine
La différence pigmentaire entre femme et homme doit remonter très loin, peut-être même avant l’existence de l’espèce humaine. Chez les autres primates, la pigmentation cutanée se différencie surtout selon l’âge. Le langur, le babouin et le macaque possèdent une peau de couleur rose au stade nourrisson mais presque noire au stade adulte. La coloration du petit semble modifier le comportement du spectateur adulte. Ce dernier, en la voyant, devient moins agressif et plus désireux de donner des soins (Alley, 1980; Blaffer-Hrdy, 2000, pp. 446-448; Jay, 1962 ; Wickler, 1973, p. 255-265).
L’être humain aussi naît peu pigmenté (Grande et al., 1994 ; Kahlon, 1976 ; Walsh, 1964). Cette pâleur est frappante chez les peuples à la peau très foncée ; au Kenya, on peut montrer un nouveau-né aux voisins en disant : « Venez voir, nous avons un mzungu [européen] à la maison ! » (Walentowitz, 2008). Selon l’ancienne croyance populaire, c’est le signe d’une vie antérieure au ciel :
« Il existe un concept plutôt généralisé en Afrique noire, selon lequel les êtres humains, avant d’« arriver » dans ce monde, vivent au ciel, où ils sont blancs. Car le ciel lui-même est blanc et tous les êtres vivant là-haut sont blancs. Donc, plus l’enfant est blanc à la naissance, plus il est splendide. En d’autres mots, à ce moment particulier de la vie, on attache une importance particulière à la blancheur de sa couleur, laquelle est dotée de qualités exceptionnelles » (Zahan, 1974, p. 385).
Cette logique est commentée par un autre africaniste : « le noir est ainsi la couleur de la maturité […] Le blanc par contre est signe de l’avant-vie et de l’après-vie : le nouveau-né africain est clair de peau et la couleur du deuil est le blanc kaolin […] (Maertens, 1978, p. 41).
Nouveau-né afro-américain (Wikicommons)
Certains auteurs proposent que la blancheur de la femme imite celle du tout jeune enfant, toujours pour modifier le comportement de l’observateur :
« Je crois que les différences sexuelles de couleur de peau sont dues à une pression de sélection favorisant la blancheur féminine parce que c’est l’inverse de la coloration de menace, bien que cette pression ait pu être plutôt faible. La peau claire semble pédomorphique, puisque les individus de toutes les races tendent à devenir plus foncés en vieillissant. Même chez le gorille, le plus pigmenté des hominoïdes, les petits naissent avec très peu de pigment […] Ainsi, un individu de couleur plus claire pourrait présenter une image moins menaçante, plus juvénile » (Guthrie, 1970).
Cette blancheur cutanée s’inscrirait dans un ensemble de caractères propres au nourrisson : une peau lisse et sans poil, un « visage de bébé », une voix aiguë. Ces caractères clés auraient d’abord acquis la propriété d’apaiser l’observateur et de l’inciter à donner des soins. Ensuite, la femme adulte les aurait adoptés pour induire le même comportement chez son partenaire. Ce mimétisme est attesté chez d’autres primates ; à mesure que le lien sexuel persiste et s’intensifie, la femelle conserve certains aspects visuels du nourrisson (Blaffer-Hrdy, 2000, p. 445 ; Blaffer-Hrdy et Hartung, 1979 ; Frost, 1988 ; Guthrie, 1970 ; van den Berghe et Frost, 1986 ; Wickler, 1973, p. 255-265).
Il existe néanmoins d’autres explications de la blancheur féminine, comme les deux suivantes :
1° Signal de fécondabilité ? Cette pâleur aurait initialement résulté d’une interaction fortuite entre la pigmentation et les hormones sexuelles. Puis, en devenant un moyen pour l’homme d’évaluer la fécondabilité d’une partenaire potentielle, le teint féminin aurait pâli encore plus sous la pression de la sélection sexuelle. Rappelons que la jeune fille s’éclaircit après la puberté et que la femme tend à s’assombrir pendant la grossesse, ainsi que légèrement pendant la phase non fertile du cycle menstruel (Symons, 1995 ; van den Berghe et Frost, 1986).
2° Moyen de combler une carence de vitamine D ? La sélection naturelle aurait éclairci la peau de la femme afin d’augmenter sa production de vitamine D et, ainsi, de lui fournir assez de calcium et de phosphore pendant la grossesse et l’allaitement (Jablonski et Chaplin, 2000).
Quelle qu’en ait été la cause, cette pâleur relative serait devenue un moyen de distinguer la femme de l’homme, tant que cette différence sexuelle dominait la gamme de teints que chaque individu voyait autour de lui. C’était justement le contexte qu’on vivait pendant la plupart de l’histoire et de la préhistoire, comme en témoignent les arts visuels. On représentait la femme comme dotée d’une carnation moins foncée que celle de l’homme partout où ces arts s’étaient développés, et ce dans des aires culturelles aussi éloignées l’une de l’autre que l’Égypte, le Japon et la Méso-Amérique (Capart, 1905, pp. 26-27 ; Soustelle, 1955, p. 159 ; Tegner, 1992 ; Wagatsuma, 1967).
Donc, dans cet ancien espace social, l’aspect visuel de la peau aidait à déterminer si la personne observée était homme ou femme. C’est d’ailleurs toujours le cas. Cette fonction de reconnaissance sexuelle menerait forcément à d’autres fonctions mentales.
Attirance sexuelle
Il y a d’abord l’attirance sexuelle. Lorsqu’on a interrogé un millier d’étudiants américains sur leurs préférences physiques chez le sexe opposé, il est ressorti que le teint noir déplaisait à 30 % des hommes, mais seulement à 10 % des femmes. À l’inverse, un teint très clair laissait froid 56 % des hommes et 82 % des femmes (Feinman et Gill, 1978).
Les hormones sexuelles semblent orienter la femme vers le teint foncé de l’homme. Dans une étude où on présentait deux visages d’homme dont le teint différait légèrement, les participantes féminines étaient plus portée à choisir le visage foncé pendant les deux premiers tiers du cycle menstruel, où l’œstrogène l’emporte sur la progestérone, que pendant le dernier tiers, où la progestérone domine (Frost, 1994). D’autres chercheurs ont également noté cet effet cyclique à l’égard d’autres caractères qui varient selon le sexe, comme la forme du visage et l’odeur corporelle. Plus le taux d’œstrogène augmente, plus une femme préfère la version « mâle » (Danel et Pawlowski, 2006 ; Grammer, 1993 ; Johnston et al., 2001).
Cet effet œstrogénique a été constaté indépendamment du sexe biologique et social, à savoir chez des enfants âgés de moins de trois ans. Il s’agit d’une étude où ceux-ci avaient à choisir entre deux poupées aux teints légèrement différents. Chez ceux choisissant la poupée au teint foncé, le pourcentage de graisse corporelle était, en moyenne, plus élevé (Frost, 1989). À ces âges, l’œstrogène est produit surtout par les tissus adipeux et très faiblement par les ovaires.
Ces deux poupées présentent une légère différence de couleur de peau. En leur montrant à des enfants âgés de moins de trois ans, on leur a demandé de faire un choix. Le pourcentage de graisse corporelle était plus élevé chez ceux choisissant la poupée à droite que chez ceux choisissant la poupée à gauche (Frost, 1989).
Enfin, ce processus mental a fait l’objet d’une étude IRM (imagerie par résonance magnétique). Les participantes féminines, en voyant des visages d’homme, montraient une augmentation de l’activation neurale à mesure que ces visages étaient « masculinisés » et à mesure que le taux d’œstrogène augmentait pendant le cycle menstruel. Selon l’autrice de l’étude, dans une communication personnelle, elle les aurait masculinisés en leur donnant un teint plus foncé et une forme plus robuste (Rupp et al., 2009).
Si la femme s’oriente vers la noirceur masculine, existe-t-il, parallèlement, une orientation de l’homme vers la blancheur féminine ? Oui, si on se limite aux sociétés traditionnelles et prémodernes. Le mot « blanc » est évidemment entendu ici de façon relative : une belle femme était « blanche » en Europe et en Asie de l’Est, de « couleur d’or » en Asie du Sud-Est et « rouge » en Afrique subsaharienne (Frost, 1988 ; van den Berghe et Frost, 1986).
Même dans ce contexte prémoderne, il arrive qu’on parle d’un désir ardent, mais de courte durée, pour la femme à la peau foncée. Les ballades paysannes de Hongrie et d’Allemagne représentent la « brune » comme une allumeuse et femme facile ; les jeunes hommes peuvent lui dire librement ce qu'ils recherchent. Si une jeune fille a changé de teint, comme par un coup de soleil, on croit qu’elle a franchi un seuil sexuel sans le bénéfice du mariage (Massny, 1937 ; Vasvari, 1999). Dans la même optique, l’écrivain français Augustin Galopin [1836-1899] prétend que les admirateurs des brunes « sont généralement pris d’une passion plus violente, plus démonstrative, plus despotique ; mais moins profonde, moins fondante et moins durable » (Briot, 2007). Ce thème culmine dans les romans de l’ère victorienne, où la blonde est invariablement « innocente », « bonne » et « pure », alors que la dark lady est « impétueuse », « ardente » et « passionnée ». À la fin, la blonde est mariée et la brune abandonnée (Carpenter, 1936).
Depuis les années 1920, avec la popularité montante de l’allure bronzée, cette préférence alternative gagne du terrain dans les sociétés occidentales (Frost, 2010, p. 91-102 ; Segrave, 2005). « Les années vingt mettent à la mode le bronzage. […] Ainsi disparaît encore un élément de la différenciation des genres : le contraste des carnations, brune et cuivrée pour l’homme, blanche, rosée et ivoire pour la femme » (Bard, 1998, p. 41). On peut donc avancer l’hypothèse que l’orientation de l’homme vers la blancheur féminine est conditionnelle, c’est-à-dire inscrite dans une certaine dynamique que n’existe plus dans certains milieux modernes.
Jugements sociaux : Faible ou fort ? Doux ou méchant ?
Reconnaître l’identité sexuelle d’un individu, c’est aussi porter certains jugements sociaux. Il existe une vaste littérature sur les jugements visant la couleur de la peau, mais la pertinence ici semble douteuse, le thème évident étant les préjugés raciaux. Une exception serait les travaux dirigés par deux psychologues américains, Deborah Best et John Williams. Ces derniers s’intéressaient aux préjugés raciaux, mais ils en recherchaient l’origine dans une tendance esthétique se manifestant dès les premières années de la vie.
Ces travaux ont porté sur des jeunes enfants européens ou japonais qui connaissaient, à cette époque, très peu de contacts avec des gens de couleur différente. L’enfant, en voyant des images de personnes ou d’animaux, associait la peau claire à des termes positifs, comme « joli » et « gentil », et la peau foncée à des termes négatifs, comme « sale », « vilain » et « méchant ». (Best, Field et Williams, 1976 ; Best, Naylor et Williams, 1975 ; Iwawaki et al., 1978 ; Munitz, Priel et Henik, 1987). Ces associations d’idées ne semblent pas apprises. En premier lieu, leur évolution avec l’âge ne suit pas une courbe d’apprentissage (Best, Naylor et Williams, 1975 ; Munitz, Priel et Henik, 1987). En deuxième lieu, il n’existe pas de corrélation avec le QI de l’enfant, ce qui sera le cas si ce dernier les apprend (Williams, Boswell et Best, 1975 ; Williams et al., 1975 ; Williams et Rousseau, 1971).
Cependant, lorsque les chercheurs américains ont présenté le mot « robuste » (par erreur de traduction), les enfants français ont associé cette qualité, pourtant positive, à la peau foncée (Best, Naylor et Williams, 1975). Il semble que tous ces travaux aient reposé sur une décision inconsciente de choisir des qualités positives à résonance féminine et des qualités négatives à résonance masculine.
Cette impression m’a été confirmée lors d’une enquête menée auprès des personnes âgées de l’île aux Coudres, une petite communauté canadienne-française. Pour ces aînés, le teint clair signifiait autant la douceur que la faiblesse et le teint foncé autant la méchanceté que la force physique. En fin de compte, ces deux univers sémantiques semblent s’inspirer plutôt des regards sur la femme et l’homme (Frost, 2010, p. 149-153).
Donc, dans cet ancien milieu social, la couleur de la peau aidait non seulement à identifier le sexe de l’individu observé mais aussi à préparer l’observateur psychologiquement. Est-ce un individu faible ou fort ? Doux ou méchant ?
Île aux Coudres : significations sociales associées au teint clair et au teint foncé (Frost, 2010, p. 149-153)
Vers de nouvelles significations
Ces anciennes significations de la couleur de la peau ont trouvé leur pleine expression dans les premières sociétés humaines. Ce n’est que plus tard que s’y sont greffées des notions concurrentes de stratification sociale et d’ethnicité. Ainsi, aux îles Nicobar, habitées par des chasseurs-cueilleurs, la pâleur signifie toujours la féminité, mais pas un statut social élevé :
« Les chefs et leur famille ne diffèrent pas du reste de la collectivité en ce qui concerne la couleur ; leur position est due à une intelligence supérieure et non pas à un simple accident de naissance […] Cependant, on préfère très généralement les peaux de couleur plus claire, et j’ai déjà connu une femme décrite avec admiration comme la « veuve blanche », dont le visage était néanmoins plus foncé de plusieurs tons que celui d’un Chinois ordinaire » (Man, 1889).
C’est aussi le cas chez des peuples agriculteurs peu stratifiés, comme les Igbo du Nigeria :
« À partir de cet ensemble d’opinions clairement exprimées, l’assimilation de la pâleur du teint à la beauté émerge très clairement. Il n’y a jamais divergence d’opinion sur cette question. En évaluant l’effet de la norme européenne, on devrait garder à l’esprit que la population igbo est pratiquement non-métissée et qu’ainsi il n’existe pas de transition graduelle entre la population noire et la population européenne. Donc, personne n’essaie de se faire passer pour un Blanc. Deuxièmement, la pigmentation moins foncée ne possède aucune signification de classe. Les Igbos riches manifestent toute la gamme de teints » (Ardener, 1954).
La stratification par classe amène une association entre la pâleur et le statut social. D’abord, c’est parce que la classe dominante est composée de propriétaires terriens qui se distinguent, par leur peau non bronzée, de ceux qui labourent la terre. C’est l’explication généralement avancée. Mais il y a plus : si on fait partie de la classe dominante, on est mieux positionné pour choisir parmi les plus belles femmes, donc celles à la peau claire, ce qui tend, au fil des générations, à blanchir ce groupe social. C’est ce qui est arrivé en Inde :
« Les riches familles de propriétaires terriens ont souvent comme tradition d’aller chercher une épouse à la peau claire parmi les membres plus pauvres de leur sous-caste. Il est très fréquent de trouver une concentration élevée de personnes à la peau plus claire parmi les familles terriennes longtemps établies » (Béteille, 1967).
C’est aussi ce qui est arrivé au Japon. Une étude de la peau non exposée démontre que la haute société y est moins pigmentée que la classe ouvrière, même lorsque les ouvriers passent la journée hors du soleil en usine. Vraisemblablement, les hommes fortunés, se trouvant devant un meilleur éventail d’épouses potentielles, en choisissent les plus blanches, car « la couleur de la peau est considérée depuis longtemps, par les Japonais, comme l’un des critères pour évaluer la beauté physique, surtout celle des jeunes femmes » (Hulse, 1967).
Enfin, une autre finalité émerge là où une frontière ethnique se coïncide avec une différence de couleur. Ce sont initialement des cas intéressants mais de portée limitée : le système des castes en Inde ; les débuts de l’esclavage des Noirs au Moyen-Orient ; les zones de contact entre la Mélanésie et la Polynésie (Frost, 2010, p. 75-80). Même dans ces cas, le clivage ethnique se confond souvent avec d’autres processus de différentiation sociale. On constate, par exemple, que les classes dominantes de l’Asie du Sud-Ouest possèdent généralement une peau assez claire. Est-ce le reflet d’une conquête de certains peuples par d’autres ? D’habitude, la cause est plutôt l’ancien trafic d’épouses slaves et circassiennes « qui ont si curieusement teinté les hautes classes de la société musulmane d’Orient » (Lévi-Provençal, 1953, p. 179).
C’est surtout plus tard — avec l’expansion européenne des cinq derniers siècles — que cette marque d’identité sexuelle se transforme définitivement en marque d’identité ethnique. Dans la nouvelle Europe hors de l’Europe, la couleur de la peau sert dorénavant à distinguer le colon européen de l’indigène et de l’esclave (Frost, 1987 ; Frost, 2010, p. 23-33).
Or cette ligne entre « blancs » et « non blancs » se perçoit différemment selon le sex-ratio des colons européens : plus il y a de femmes, moins le métissage se pratique et plus la ligne de démarcation se durcit. Il se peut également que la blanche, par sa présence même, éveille des préjugés reliés aux notions de beauté et de laideur. Soulignons aussi le contexte idéologique. À mesure que les colons britanniques embrassent une vision égalitaire de la société, ils se heurtent à un choix incontournable : ou bien, accepter l’esclave noir comme humain et donc leur égal ; ou bien, nier son humanité. La question est moins dramatique pour les colons espagnols et portugais, qui considèrent l’esclavage comme une inégalité parmi tant d’autres. Ces derniers ne craignent pas non plus d’assimiler certaines personnes d’ascendance africaine ou indigène, car en accepter quelques-uns n’oblige pas à les accepter tous. Cette souplesse favorise la stabilité en permettant l’ascension sociale des individus qui seraient autrement des adversaires du système ; de plus, par ce processus, le clivage racial lui-même tend à s’effacer. La stratification par race devient lentement mais sûrement une stratification par classe (Jordan, 1968 ; Morner, 1967).
Note
Il s’agit ici d’une version revue et mise à jour d’une contribution au Dictionnaire historique et critique du racisme, publié en 2013 aux PUF sous la direction de Pierre-André Taguieff.
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